mercredi 2 mai 2007

Banque mondiale: la défense de Wolfowitz battue en brèche

WASHINGTON (AFP) - L'étau se resserre sur le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, qui risque sa place dans une affaire de népotisme, alors que sa ligne de défense est battue en brèche par le témoignage d'un ancien administrateur.

Dans un document de quatre pages, Ad Melkert, président du comité d'éthique de la Banque à l'époque des faits, affirme que M. Wolfowitz a décidé seul de l'avancement de sa compagne, également employée de l'institution multilatérale.

"Contrairement aux déclarations de M. Wolfowitz (lundi) le comité n'a pas +décidé+ que Mme Riza soit transférée à l'extérieur de la Banque", indique-t-il.

"Le comité a recommandé que Mme Riza soit mutée à un poste la plaçant au-delà de l'influence hiérarchique du président", ajoute-t-il dans une déclaration adressée au conseil d'administration, et datée de mardi.

Par ailleurs, "le comité d'éthique n'a été ni consulté, ni n'a approuvé les termes de cette mise à disposition, notamment la forte augmentation de salaire initiale, les augmentations annuelles substantielles qu'ils contenaient et les indications sur le plan de carrière", note M. Melkert.

M. Wolfowitz est accusé d'avoir demandé personnellement que sa compagne, Shaha Riza, employée au service communication de l'institution, soit augmentée de façon substantielle, pour gagner près de 200.000 dollars par an.

Cette promotion est intervenue peu après la nomination de M. Wolfowitz et devait contribuer, selon lui, au règlement du conflit d'intérêt dans lequel il se trouvait et qui a abouti à la mise à disposition de Mme Riza au département d'Etat.

M. Wolfowitz affirme avoir agi dans la plus grande transparence vis-à-vis du conseil d'administration et dénonce une campagne de calomnie destinée à l'évincer de la présidence de la banque pour des raisons politiques.

Le témoignage de M. Melkert sape un autre fondement de la ligne de défense que l'ancien numéro deux du Pentagone a présentée lundi aux membres du conseil: sa proposition de récusation était partielle, donc "insuffisante", indique l'administrateur.

Lundi, M. Wolfowitz a fait valoir qu'il avait lui-même averti le conseil de sa relation avec Mme Riza lorsqu'il a pris la tête de la Banque en juin 2005 et qu'il avait alors proposé de se récuser de toute décision la concernant.

Mais "contrairement à ce que prévoient les règles auxquelles est soumis le personnel de la Banque, la proposition de M. Wolfowitz insistait explicitement sur la possibilité pour lui d'avoir des contacts professionnels avec Mme Riza", souligne M. Melkert.

Mercredi, M. Wolfowitz a répété que l'avenir dépendrait de la décision ultime du conseil d'administration.

"Le conseil d'administration examine cette question", a-t-il répondu à des journalistes qui l'interrogeaient sur l'éventualité de sa démission.

"J'ai eu l'occasion de fournir des explications lundi (...) nous devons suivre le processus", a-t-il ajouté, à Bruxelles où il participait à une conférence sur l'éducation dans les pays pauvres.

Sur la base des derniers développements, le comité d'éthique de la Banque a indiqué mardi soir qu'il travaillait à la rédaction d'un rapport qui sera soumis au Conseil d'administration "pour qu'il prenne sa décision".

Lundi, M. Wolfowitz avait laissé entendre qu'il n'excluait pas de partir de lui-même au terme du processus.

"Quand l'ombre portée par ces accusations fausses et indignes sera dissipée, alors seulement il deviendra possible de déterminer objectivement si je peux être un dirigeant efficace à la Banque mondiale", avait-il indiqué.







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